L’alimentation émotionnelle : “je mange mes émotions”. Vous en avez déjà entendu parler ? Pour certain.es, j’en suis sûre. Mais ce n’est pas toujours évident de comprendre réellement ce que c’est. Et puis, est-ce que cela existe réellement ? Y a-t-il vraiment un lien entre émotions et alimentation ? Le contenu de notre assiette influence-t-il notre humeur ? Et inversement, choisit-on notre alimentation en fonction de nos émotions ? Lorsque l’on ne va pas bien, on se retrouve à manger un bon gâteau au chocolat par exemple ou un fast-food. Ou peut-être même que c’est l’inverse. Notre estomac est comme noué et l’on n’arrive à rien avaler. Mille et une questions sur le sujet. Et nous sommes tou.tes concerné.es.
Mais commençons par définir l’alimentation émotionnelle. Quel est son rôle dans notre vie et ses conséquences ? Comment réussir à ne pas tomber dans l’excès ? J’essaierai de répondre à toutes ces questions dans cet épisode.
Qu’est-ce que l’alimentation émotionnelle ?
L’alimentation émotionnelle aussi appelée “stress eating” est le fait de choisir ce que l’on mange en fonction de nos émotions. Certes, manger est pour la plupart d’entre nous un réel plaisir, mais cela permet aussi de nous couper d’un ressenti désagréable ou d’évacuer certaines émotions. Par exemple, le stress, la culpabilité, la colère, l’ennui, la tristesse, ou la solitude.
Le stress est l’un des facteurs principaux qui nous pousserait à manger plus et de moins bonne qualité. D’ailleurs, la plupart du temps, nous mangeons autant pour nous nourrir que pour palier à une émotion. Par contre, lorsque cela devient plutôt régulier, l’alimentation émotionnelle peut devenir une vraie souffrance. On perd alors certains repères comme savoir si l’on a faim ou non et si l’on est repu après un repas. De même que n’importe quelle addiction, comme le tabac ou l’alcoolisme, manger peut malheureusement devenir une addiction nous permettant de réguler nos émotions. Mais, pas de panique ! Si l’on y prête un minimum attention et que l’on s’en aperçoit assez vite, il n’y a pas de raison pour que ce mécanisme ne devienne pas une dépendance.
Quel est le rôle de l’alimentation émotionnelle dans notre vie ? Ses conséquences ?
Nous le savons tou.tes, manger n’a pas pour seul intérêt de nous donner de l’énergie pour notre journée. Bien sûr, la nourriture est nécessaire au bon fonctionnement de notre corps. Mais nous savons tou.tes que c’est également un réel plaisir pour les papilles.
«Manger est l’une des activités qui nous procure le plus de plaisir»
Géraldine Coppin, professeure de psychologie à Unidistance
D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez déjà eu le Covid, mais pour beaucoup de personnes qui l’ont eu, l’un des symptômes est la perte de l’odorat et du goût. Et oui, car les deux sont liés. C’est totalement déroutant, vous ne trouvez pas ? Tout à coup, vous n’avez plus autant de plaisir à déguster un bon repas. Forcément, il n’a plus de goût, plus d’odeur. Ne reste plus que le visuel et la chaleur qui s’en dégage si c’est un repas chaud bien entendu.
Des impacts sur notre cerveau
Quand nous avons le moral dans les chaussettes, la plupart d’entre nous avons tendance à se ruer sur des sucreries, comme des pâtisseries, des barres chocolatées ou des bonbons par exemple.
«Les sucres sont en effet connus pour avoir un effet calmant et même antidépresseur»
Professeur de médecine spécialiste en obésité et diabète Zoltan Pataky
En effet, les sucres agissent sur notre cerveau en augmentant le taux de tryptophane. Cependant, cet acide aminé contribue à la production de sérotonine. Il agit comme un messager chimique assurant la communication entre les neurones et donne cet effet calmant immédiat. Comme si un simple carré de chocolat pouvait nous redonner le sourire. C’est vrai, mais pas pour longtemps. Son effet s’estompe peu à peu une fois le chocolat ingurgité.
Pour ce qui est des «becs salés», iels préfèrent plutôt se précipiter sur des aliments riches en protéines, comme la viande, le poisson, les œufs, les produits laitiers, ou les céréales par exemple. C’est une autre manière de réguler leurs émotions car cela augmente le taux d’un autre acide aminé qui s’appelle, cette fois-ci, la tyrosine. Cette messagère influence notamment l’humeur et intervient dans le circuit de la récompense. D’autres encore recherchent plutôt une alimentation riche en graisses, comme les chips, la charcuterie, le fromage ou encore les fritures. Mais on connaît encore assez peu l’impact de ces lipides sur les neurotransmetteurs.
Les aliments ont un autre impact, plus indirect, sur le cerveau. Ils agissent sur le microbiote et ont des effets sur les différents neurotransmetteurs, ils influencent l’humeur et le comportement. Pour vous donner un exemple concret, une expérience a été faite sur deux sortes de souris différentes. Une partie plutôt douce et l’autre plutôt agressive. Il a suffi simplement d’échanger leurs flores intestinales pour que leurs comportements s’inversent, les premières devenant querelleuses et les secondes plus calmes.
Ses effets sur notre bien-être
Nous avons tou.tes utilisé, je pense, la nourriture comme moyen pour se rassurer ou se réconforter après une mauvaise journée. Mais est-ce une bonne chose ? Je dirais que oui, si on ne tombe pas dans l’excès bien évidemment. L’essentiel est de se lâcher la grappe et de se faire plaisir avant tout. Mais attention aux conséquences également, il faut en être bien conscient.e, surtout si l’on a des intolérances comme moi…
Car, après avoir mangé un gâteau ou un bon morceau de fromage pour se réconforter, on peut se sentir coupable et, les jours suivants, on réduit drastiquement le contenu de son assiette dans l’espoir de reperdre ces calories. Le problème est que cette restriction peut engendrer une frustration, pouvant alors mener à des troubles alimentaires tels que la boulimie. On peut devenir anxieux.se et utiliser à nouveau la nourriture pour calmer son émotion, rentrant alors dans un cercle vicieux. Je mets des “si” et des “peut-être” car ce n’est pas le cas de tout le monde bien entendu, mais il est important de le savoir et d’en parler.
Par contre, si l’on s’en tient à une alimentation équilibrée (plus ou moins, cela va s’en dire), notre bien-être s’en trouvera amélioré. Mais cela n’agira pas forcément tout de suite, contrairement à l’effet obtenu lorsque nous mangeons pour nous réconforter. Ici, l’effet sera ressenti sur le plus ou moins long terme.
Comment réussir à ne pas tomber dans l’excès ?
Pour éviter de tomber dans l’excès et garder de bonnes habitudes alimentaires, il est important de savoir s’entourer de spécialistes, comme des nutritionnistes et/ou des psychologues spécialisés dans l’alimentation. Pour commencer, je vous donne quelques astuces si et seulement si vous en sentez le besoin (car le plus important est de s’écouter) :
- Noter
Vous pouvez écrire dans un carnet votre journal de bord de l’alimentation. Faites deux colonnes : une où vous noterez ce que vous avez mangé chaque jour et à chaque repas; et dans l’autre colonne, toutes les émotions que vous avez pu ressentir pendant, juste avant ou juste après le repas ou l’aliment que vous avez mangé. Cela vous aidera à faire le lien et à savoir quand vous mangez pour combler ou atténuer une émotion ou non.
- Modifier son habitude
En changeant votre mode de fonctionnement, vous briserez le cercle vicieux. Le plus dur est de commencer, mais le reste suit. Lorsque vous sentez le besoin de prendre de la nourriture comme des sucreries pour vous apaiser, essayez de choisir un plat plus sain mais que vous adorez.
- Se concentrer sur son repas
Il est important de s’éloigner de toute distraction, comme le téléphone, la télévision ou tout autre appareil, pour prendre pleinement conscience de ce que vous mangez.
- Se poser la question
Ai-je réellement faim ? Essayez de vous réapproprier cette sensation de faim et de satiété qui peu à peu disparaît avec le temps. Reconnectez-vous à votre corps et vos sensations.
- Le temps est votre allié
Vous n’arriverez pas à changer vos habitudes en 1 journée. Le temps fera les choses alors soyez patient.es. C’est un véritable travail sur soi, un entraînement, comme je le dis souvent.
Mon expérience
Pour ma part, je mange surtout pour le plaisir et je m’en suis bien rendu compte lorsque j’ai eu le Covid. Je n’avais plus aucun plaisir à manger, car j’aime tant sentir le goût des aliments et leur odeur. C’est tellement triste de ne plus sentir quoi que ce soit. L’alimentation n’a plus alors pour fonction que de nourrir notre corps et basta !
Et comme tout le monde (du moins beaucoup je pense), j’ai tendance à manger ce qui me fait plaisir gustativement lorsque j’ai passé une journée difficile. Mais les conséquences chez moi ne sont pas top. Avec mon syndrôme de l’intestin irritable, je me mords les doigts presqu’à chaque fois que je me fais plaisir. Et oui, tout n’est pas simple malheureusement.
Et vous ? Vous avez tendance à “manger vos émotions” ?
Un peu ? Beaucoup ? À la folie ? Pas du tout ? Comment faites-vous pour ne pas tomber dans l’excès ? Vous pouvez me répondre de plusieurs façons :
- En commentaire de cet épisode sur mon site www.danslatelierdejo.fr
- En m’envoyant un mail via la fiche contact de mon site
- Ou bien par message privé sur mon compte Instagram @jo_cafenoisette
Pour conclure, l’alimentation émotionnelle nous touche tou.tes plus ou moins. Manger pour nous faire du bien, oui, mais attention aux éventuelles conséquences. Il est certes important de se faire plaisir, car la frustration nous amène à d’autres émotions et rebelote ! On mange de nouveau nos émotions. Alors finalement, peut-être que c’est une question d’équilibre, qu’en pensez-vous ?